Carrières testimoniales. Les devenirs-témoins de conflits des XXe et XXIe siècles

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Sigle
Cartest
Financement du contrat
Maison des sciences de l'Homme Lorraine (CNRS, Université de Lorraine, France)
Participation du Crem
Porteur du projet
Partenaires du contrat
Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire (Crulh, Université de Lorraine, France)
Descriptif

La « carrière testimoniale », une notion innovante

Des travaux conduits en histoire, en sociologie, en sciences du langage, en sciences de l’information et de la communication, en sémiotique ou en études littéraires ont permis de baliser le domaine du témoignage, tentant de définir au plus près cette notion ainsi que celle de témoin, d’en parcourir les évolutions ou encore d’en étudier les manifestations. Toutefois, en référence à certains travaux de la sociologie interactionniste (voir Tréanton, 1960), la notion de carrière invite à évaluer le rôle des institutions qui imposent un cadre aux individus (Goffman, 1961) ou à évaluer la façon dont, précisément, des pratiques échappent pour partie à des jeux de contraintes (Becker, 1963).

Sur ces bases, l’objectif principal de la recherche est de s’interroger sur ce qui fait qu’un sujet témoigne d’une expérience (d’un point de vue individuel et collectif), ceci afin de comprendre le rapport qu’il entretient à un événement historique, mais aussi celui qu’un groupe social entretient à lui-même et à des faits.

Un programme à plusieurs volets

2011 : "Le témoin itératif". La première partie du programme permettent de mettre au jour les facteurs conduisant un sujet à témoigner, de façon ponctuelle au début, de façon plus fréquente ensuite, voire récurrente ; et ce, en examinant les continuités, les éventuelles évolutions ou variations des modes d’intervention et des récits.

2012 : "Le témoin consacré, le témoin oublié". Le témoin consacré est celui qui incarne une histoire particulière et fait corps avec elle. Ainsi peut-il être systématiquement présent dans les manifestations commémoratives où il est invité à reproduire son témoignage et un avis sur l’événement. Mais, au fil du temps, il peut aussi en être exclu ou être oublié. Les travaux permettent de cerner la complexité des configurations menant à la consécration ou à l’oubli.

2013 : "Le témoin pollinisateur, le témoin réflexif". Plusieurs chercheurs se sont attachés à cerner l’impact de témoins qui, par leur stature et par le statut de leurs productions, modèlent des prises de parole, deviennent des « ressources » ou « matrices » testimoniales tant pour des personnes voulant témoigner du même conflit que d’autres ; ce qui conduit à s’interroger sur les interdiscours, les genres, les grilles de lecture, les mécanismes d’appropriation entre pairs. En miroir, d’autres chercheurs se sont penchés sur la façon dont des témoins réfléchissaient sur leur propre pratique, quitte parfois à modifier le contenu de leurs témoignages et/ou à s’expliquer sur ces transformations.

2014 : Valorisation des résultats scientifiques.

Une option résolument internationale et interdisciplinaire

Plus de 50 % des chercheurs engagés dans CARTEST sont étrangers. Outre l’intérêt épistémologique que représente une telle ouverture, elle permet aussi de mettre en regard une diversité de terrains et d’approches. Ainsi les chercheurs intégrés à ce programme ont-ils chacun en charge un aspect d’une histoire plurielle de certains conflits du XXe et XXIe siècles. Enfin, l’interdisciplinarité est un élément structurant qui permet à des historiens, des spécialistes en littérature, des linguistes, des sociologues et des chercheurs en sciences de l’information et de la communication de se retrouver pour penser des objets différents selon une problématique commune.

 

image source : Carmen Attal, pexels.com.

Soldats vétérans en tenue