Journée d'étude Pestinter

Cyrille Bodin, Université de Lorraine, Centre de recherche sur les médiations
Martin Laviale, Université de Lorraine, Laboratoire interdisciplinaire des environnements continentaux
Les places sont limitées, merci de vous inscrire en suivant le lien ci-après : https://enquetes.univ-lorraine.fr/index.php/834673?lang=fr
Voir programme au bas de la page
La Cleurie est un petit cours d’eau du massif vosgien dont la qualité devrait être exemplaire, du fait de sa position en tête de bassin versant forestier. Pourtant, les modifications fréquentes de sa coloration et les multiples pollutions visibles ont inquiété les riverains, qui ont alerté les médias, les autorités et agences publiques compétentes. L’origine de ces pollutions est, pour sa majeure partie, directement reliée aux activités industrielles de blanchiment et de traitement chimique des textiles, sur la commune de Gérardmer et en amont du ruisseau : principalement du glyphosate et ses produits de dégradation, mais aussi un cocktail d’agents azurants et/ou de colorants, des polluants éternels, et d’autres produits issus du traitement des tissus…
En aval, sur le bassin Rhin Meuse, 45% des cours d’eau présentent des concentrations en pesticides à risque d’impact pour les organismes aquatiques, ce que traduisent mal les bioindicateurs actuels. Il est donc indispensable de disposer d’indicateurs permettant de détecter des signes précoces des changements de la qualité de l’eau en conditions naturelles. Ces indicateurs doivent également permettre une évaluation des conséquences de ces changements sur le fonctionnement des écosystèmes et sur les éventuels effets indirects associés, par exemple la propagation de leurs effets dans la chaîne alimentaire, notamment sur les poissons, mais aussi sur les autres activités humaines de la vallée (tourisme, agriculture, pêche…).
La controverse qui se forme autour de la Cleurie porte principalement sur la toxicité du glyphosate, associée à la fréquente coloration des eaux due aux différents agents azurants/colorants. Elle implique de nombreux acteurs locaux, qui s’engagent publiquement – ou pas – au travers d’une multitude de discours et d’arguments, allant tantôt dans le sens d’une régulation et de la mise en œuvre de solutions de traitement et d’assainissement des eaux, tantôt dans un chantage à l’emploi ou un déni des pollutions et de leurs risques pour l’environnement et les populations locales. Cette controverse, qui s’est à plusieurs occasions transformée en polémique médiatique, permet également une analyse des processus de la production et de la mise en circulation des informations et savoirs scientifiques, dans un contexte conflictuel, hautement politique, et traversé par de multiples logiques sociales territoriales souvent contradictoires (écologiques, médiatiques, économiques, politiques, juridiques, culturelles, touristiques…).
Lors de cette journée d’étude, nous présenterons dans un premier temps les travaux interdisciplinaires d’un consortium de laboratoires, mené par le LIEC et le CREM. Nous présenterons les résultats de l’évaluation de l’impact de ces rejets sur la qualité physicochimique et écologique de la Cleurie, côté écotoxicologie ; et nous étudierons la controverse et ses logiques de production et de mise en circulation des savoirs scientifiques, côté sciences humaines et sociales. Dans un deuxième temps, nous ouvrirons la discussion avec la tenue d’une table ronde réunissant plusieurs acteurs majeurs de la controverse. Nous aborderons également la question de l’indispensable pluridisciplinarité dans l’analyse scientifique des controverses environnementales, et permettant, peut-être, leur résolution.
Programme provisoire :
13h15 – Accueil
13h30 – Introduction : présentation interdisciplinaire de PESTINTER.
14h00 – Présentations scientifiques PESTINTER.
16h – Pause
16h30 – Table ronde : les lanceurs d’alerte dans la controverse environnementale, entre sciences et défense du bien public
18h00 – Conclusion : réflexions autour d’une politique de médiation socio-scientifique
18h30 – Discussions
Crédit visuel : Cyrille Bodin
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