Politiques de communication, 23
Depuis 2015 et les attentats à Charlie Hebdo, l’« éducation au médias et à l'information » (EMI) connaît un renouveau en France. Les pouvoirs publics y déploient dispositifs, textes prescriptifs, politiques d'équipement et de formation.
À côté des enseignant·es ou des acteur·ices de l'éducation populaire, des journalistes, des bibliothécaires, des médiateur·ices cuturels, éducateur·ices du champ de la protection de l'enfance, ainsi que des acteur·ices privés participent à ce redéploiement. Lutter contre les fakes news et former à l'« esprit critique » constituent l'armature symbolique d'une action d'État construite autour d'une panique morale à destination de publics réputés « fragiles » et fragilisés par les « désordres informationnels » – fourre-tout regroupant des problématiques très hétérogènes. Ce numéro thématique questionne les pratiques concrètes de cette entreprise de « (ré)éducation » aux médias et à l’information avec le regard critiques des sciences humaines.
Sommaire :
• Introduction du dossier. (Ré)éduquer aux médias. Une action publique contre les « désordres informationnels » – Nicolas Hubé et Amandine Kervella
• « Esprit critique ». Une expression lexicale, un fondement républicain, un point de ralliement – Kaltoum Mahmoudi
• Entre réhabilitation de la profession et opportunité économique. Quand les journalistes font de l'éducation aux médias et à l'information – Marina Grépinet
• Tout travail démocratique mérite salaire. Conflits symboliques et matériels entre journalistes et enseignant·es autour de la pratique de l'éducation aux médias et à l'information – Ysé Vauchez
• S'accommoder d'une formule floue. L'offre socio-économique des radios associatives locales à l'épreuve de l'« EMI » – Barbara Fontar et François Sorin
• Former à la critique sans former au complotisme. Entretien avec trois journalistes en charge de dispositifs d'éducation aux médias et à l'information –Propos recueillis en mars 2024 par Amandine Kervella et Nicolas Hubé